Avant propos

 

Ce blog regroupe les textes écrits au cours de deux années au Kenya entre 2013 et 2015 et les photos prises essentiellement par Ana dans lesquelles je me suis replongé à tête reposée depuis notre retour en Espagne pour faire surgir de nouveau  ces    histoires   que j´alimenterai au fil des semaines et des mois à venir. Pourquoi un blog? Parce-qu´un livre serait présomptueux et pas vraiment interactif. Ce mélange de billets d´humeurs, d´histoires courtes et de photos me semblait la manière la plus fidèle de refléter cette somme de moments, de sensations qui nous sont tombés dessus dans le désordre, sans planification ni signification autre que celle de vivre une expérience aux antipodes de notre vie citadine de cadres supérieurs.

 

Un kaléidoscope, un album d´images et une accumulation de post-its un pour la mémoire de deux années extraordinaires (au sens premier du terme) pour que notre fils garde précieusement les souvenirs de ces années sur les bancs de l´école publique de Mara Rianda, «petit roi blond» d´un village tout entier acquis à sa cause; de cette passion pour les safaris animaliers sur le toit du Landrover et de ses jeux au milieu du chantier à la poursuite des grenouilles des sables qu´il attrapait à pleine main au grand dam de certains de nos employés terrorisés par les batraciens.

 

Mais c´est aussi pour partager ces moments avec nos amis et nos familles qui dès l´annonce de ce projet fou nous ont surpris par leur joie sincère, l´envie spontanée de participer au projet avec une pointe de jalousie positive pour certains et leurs encouragements à franchir le pas pour tous. Nous nous attendions à la surprise, à l´incompréhension d´une décision hors normes. A la peur que suscite l´inconnu: ces gens ont-ils des mœurs catholiques? Et ces maladies tropicales forcément contagieuses? Avez-vous pensé à l´insécurité galopante dans ces contrées sauvages?... Rien de tout cela. Ma grand-mère sablaise de plus de 90 ans ne trouva qu´une objection à formuler: «mais qu´est-ce que tu t´y connais à l´hôtellerie, toi?». Jusqu´à nos amis les plus conventionnels en apparence qui nous ont fait par de leur secrets et de leur rêves d´ailleurs, comme libérés de voir un couple, ne serait-ce que pour quelques années, dérouter le train de nos vies occidentales attendu et balisé dont notre course à la sécurité et au confort nous défend de descendre. Au milieu de la savane, nous avons repris contact avec de vieux amis perdus de vue, retrouvé avec bonheur notre famille dispersée aux quatre coins du monde et les potes envolés sous d´autres cieux au fil des ans. Fidèles au travers du Net, proches au-delà des distances. J´espère que ce blog participera à la poursuite de cet échange.

 

Je n´ai pas la prétention de me croire qualifié pour parler des challenges de l´Afrique ou de l´avenir du Kenya; d´être politiquement correct ni de donner des leçons et encore moins d´être offensif envers certains. Mais je n´ai pas voulu censurer cet instinct primitif que réveille la vie africaine et ces pulsions que l´homme réfléchi ne comprendra pas forcément (le journaliste de voyage Javier Perez Reverte le résume en une phrase:  l´Afrique finit par abrutir l’occidental); pour partager ces tranches de vie, ces réflexions telles quelles: sincères, crues, sauvages, égocentriques et humbles à la fois. Sans far, sans précautions particulières, juste la vie telle que nous l´avons ressentie, forcément biaisée par un point de vue unique d´une expérience personnelle forte mais non contrastée par d´autres opinions, sans avoir étudié plus profondément les ressorts des phénomènes auxquels nous nous sommes confrontés et les cultures dans lesquelles nous nous sommes baignés.

 

Et je ne peux terminer cette introduction sans déclarer ma gratitude envers mes "relectrices de chocs" : Simone et Myrian sans lesquelles ce blog n´aurait probablement pas vu le jour et serait (encore) plus difficile à lire. Asante Sana.

 

Karibu Mara. Bienvenue sur notre blog familial.