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Mara Rianda: notre village

 

Mara Rianda est un village approximatif.  Pas vraiment au bord de la rivière, ni même sur un plateau ou près d'une zone boisée, le village s'étale sans logique apparente entre les pierres, les sacs plastiques et les ornières laissées par la pluie en un lieu imprécis du Mara.  Sans plan, sans rue ni pancarte, on ne sait pas vraiment où il commence ni où il finit.  Jusqu'à son nom qui est un mystère, certains l'appellent Mara Rianda, d'autres préfèrent Mara Rianta sans que personne ne se préoccupe de savoir qui a raison.  A quoi bon après tout?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sous le regard dominant de la colline Olooloo, les maisons de bois, de tôles ondulées voire de parpaings taillés dans la pierre pour les plus riches s'éparpillent comme semées au gré d'un vent capricieux. Véritable centre commercial à ciel ouvert, chaque cahute se révèle être un magasin, un centre de communication ou encore un bar avec ou sans alcool, avec ou sans filles, avec ou sans chambre - les deux allant souvent de pairs.  Le paradoxe veut que la pléthore de commerces ne garantisse pas la diversité de l'offre: comme dans un régime soviétique, les produits à vendre dans les multiples échoppes sont les mêmes, les bouteilles de coca ne dépassent pas le demi litre, les poulets ne se vendent que vivants et dans un pays d'éleveurs de vaches, seule la viande de chèvre est en vente (estomacs sensibles s'abstenir). Les Chinois madrilènes ou les Arabes parisiens sont ici somaliens,  ils règnent grâce à leur réseau familial et à leurs camions sur le petit commerce.  Tout est "importé", celui qui gère le transport est donc le maître des lieux. Les Indous dominent le commerce des villes, les Somaliens celui de la campagne et le tourisme est essentiellement tenu par les Occidentaux, les Sud Africains et depuis peu par quelques Asiatiques qui investissent massivement en Afrique.  Les immigrés "locaux" (Kikuyu, Luho...) venus d´autres provinces complètent le panorama d´un petit commerce étonnamment dynamique.  Les Maasais s´essayent à la vente de légumes au détail et certains commencent timidement Ã  entreprendre des projets hors du sacro-saint pastoralisme.  Beaucoup, assis à l'ombre d'un acacia, regardent brouter leur troupeau et les camions passer. 

 

Ici le bordel et les enfants "en liberté" ne dérangent personne.  Pas plus que l´absence d´eau (qu´il convient d´aller chercher au fleuve, 1km en contrebas) et de l´électricité dont les lignes se sont arrêtés à une quarantaine de kilomètres plus au Nord.  Ces tracas quotidiens sont peu fâce à la soif de vie, à la fraternité et à la jeunesse.  Quelques panneaux solaires alimentent les bars et les cinémas communautaires une fois la nuit tombée; les vélos descendent à la rivière charger les bidons d´eau sous la chaleur accablante et même si la tempête parvient un instant à arrêter ce tourbillon de vie, elle s´efface vaincue par le mines réjouient par l´arrivee de l´eau qui émergent dès que le vent faiblit. 

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